Famille sans histoire, sans papiers, sans terre ou sans lendemain.
Famille nombreuse, heureuse ou peureuse.
Famille je vous hais, je vous aime ou vous ignore.
Récits extraordinaires, quotidiens épiques, chemins singuliers, normalités trop banales… Histoires dont on est fier et d’autres moins. C’est de celles-là dont nous nous inspirons.

Contes traditionnels, fictions romanesques ou récits collectés, les histoires que nous avons choisi mettent toutes en abime la question de la place au sein de sa famille. Frères et soeurs, aïlleuls, petits-enfants, marâtres ou soeurs
de lait, parents adoptifs ou du même sang. Fils préféré ou fille indigne. A-t-on la place qu’on souhaite ? Celle qu’on mérite ? Peut-on laisser de la place ? Prendre sa place ? Est-il possible de choisir la place qu’on occupe ? Cela peut-il changer quelque chose ?

Le voyage dans l’espace des spectateurs, des interprètes au cours de la performance, d’un coté ou de l’autre de l’écran, fait expérimenter de multiples situations perceptives aux spectateurs, selon qu’ils voient ce qui se passe ou qu’ils l’entendent, qu’ils comprennent ou non ce qu’ils perçoivent, qu’ils soient au sein d’un groupe ou isolés. Donner l’occasion de changer de place, de la reprendre ou non, d’éprouver de la frustration, de l’impatience, de
l’incompréhension, de la curiosité : nous confrontons concrètement et simplement le spectateur aux questions de la place et de l’interprétation telle qu’elles s’expriment au sein de la famille.

Les morceaux d’Airs de famille sont un mélange d’écritures issues des musiques de tradition orale et électroniques, fusion d’éléments très éloignés géographiquement, chronologiquement ou culturellement. Ils regardent en direction du passé comme du futur, tout en donnant à l’instant présent une place centrale par le biais de l’improvisation. La musique s’appuie tant sur les clarinettes, le violon, la mandoline – instruments des musiques de tradition orale – que sur un orchestre mécanique contrôlé par l’intermédiaire d’un ordinateur, constitué d’instrument jouets, de percussions du monde, ou d’objets du grenier.

Que se soit en musique ou en images, nous relevons le pari d’improviser avec des robots. Chaque être humain écrit sa biographie singulière, dans le contexte de son histoire sociale et familiale. Chercher la liberté est toujours possible que l’on se sente comme tout le monde ou différent.